Peux tu nous dire qui es tu Archcena?
Hehe grande question 😊
Je m’appelle Archcena qui se prononce Archéna ou Artchana, un prénom tamoul qui fait référence à l’adoration, l’acte d’apporter un plateau de fruits aux divinités dans les temples hindous.
C’est peut-être pour ça que j’adore la vie et les fruits en particulier 😊
Actuellement, je suis praticienne en Ayurveda et fondatrice de Boom’in qui veut dire
« la Terre en soi » dont le but est de s’appuyer sur la médecine traditionnelle indienne pour accompagner les gens à équilibrer leur quotidien grâce à des consultations, des massages pour les femmes enceintes et les bébés et des ateliers mêlant créativité et bien-être.
L’idée étant qu’en cultivant sa propre nature en soi, on peut puiser l’énergie nécessaire pour agir pour la Nature et construire un monde plus juste et plus responsable.
Quel est ton parcours et quelles sont tes passions ?
Née en France de parents srilankais arrivés ici suite à la guerre, j’ai grandi avec un mélange de pression et de fierté de pouvoir faire de grandes études.
J’ai donc eu un parcours assez atypique en tant qu’ingénieur chef de projet informatique à Paris puis à New York. C’est là -bas, dans la ville qui ne dort jamais que j’ai fait deux rencontres qui ont changé ma vie : la première étant la cuisine végétale et la deuxième un ami qui deviendra mon chéri et le père de mon enfant. Entre temps, j’ai eu la chance de prendre une année sabbatique à voyager autour du monde et c’est là que je me suis reconnectée en quelque sorte à mes racines.
Inspirée depuis petite par ma grand-mère qui était guérisseuse ayurvédique au Sri Lanka, je n’avais jamais vraiment pris le temps de creuser ce sujet jusqu’à ce qu’un déclic se produise en Inde, immergée dans cet univers holistique où corps, âme et esprit ne font qu’un. C’est après ce voyage que j’ai plongé dans l’apprentissage de l’Ayurveda, connaissance ancestrale pour en faire mon métier.
Quel est ton régime alimentaire ? Quelle importance a l'alimentation dans ton quotidien ?
J’ai une alimentation purement végétale. Je n’aime pas les cases car elles créent souvent des conflits mais au risque d’en choquer certains, on pourrait dire que je suis quasiment végane à l’exception faite du miel, qui a des vertus thérapeutiques incroyables et qu’il m’arrive de consommer ponctuellement dans une démarche locale et raisonnée.
Je me rends compte que depuis mon expérience à New York, l’alimentation a une place clé dans ma vie, voire même la place la plus importante. En arrivant là -bas, je mangeais de tout, par gourmandise, sans me poser de questions et sans être spécialement fan de cuisine. Puis au bout de quelques mois, je suis tombée malade, je n’arrivais plus à digérer quoique ce soit. Cette situation a duré quasiment 4 mois, c’était insupportable. Les médecins m’ont administré des médicaments, fait des tests divers et variés mais ils n’ont jamais trouvé ce que j’avais. D’après moi, les symptômes ressemblaient fortement au syndrome de l’intestin irritable. Sous les conseils d’une nutritionniste, j’ai alors mis de côté tous les produits animaux
et le gluten. Et comme par magie, au bout de quelques jours, je me suis sentie de mieux en mieux jusqu’à ne plus ressentir aucune douleur.
C’est comme ça que je me suis passionnée pour la cuisine végétale avec son côté innovant et incroyablement gourmand qui m’épate encore de jour en jour.
Parti d’un problème de santé, j’ai ensuite pris conscience de l’impact que peut avoir notre alimentation sur les animaux et l’environnement. A partir de là , il n’y avait plus de marche arrière possible.
Attention, on peut être vegan et manger de la malbouffe. Ma vision de l’alimentation est de me nourrir uniquement de produits issus de la nature et très peu transformés parce que je considère que mon corps et la planète n’ont pas besoin de choses industrielles. Je passe beaucoup de temps à sourcer mes aliments en privilégiant des circuits courts, pas mal en vrac, sans pesticide, à expérimenter des recettes et organiser des ateliers de cuisine.
Comment as-tu vécu ta grossesse, ton accouchement et ton postpartum ?
Quel rôle a joué l'alimentation pendant ces périodes ?
J’ai la chance d’avoir eu une grossesse idéale et un accouchement très joyeux.
Selon l’Ayurveda, il est très important de prendre soin de soi avant même de concevoir un enfant afin d’éviter l’accumulation de toxines et de se purifier le corps et l’esprit. Ce conseil vaut pour les deux parents. Même si on n’avait pas calculé d’avoir un enfant à ce moment précis, je pense que mon alimentation végétale naturelle et équilibrée depuis plusieurs années a beaucoup joué sur ma santé pendant cette période. Pendant ma grossesse, j’ai simplement continué de manger comme d’habitude avec de plus petites quantités plusieurs fois par jour plutôt que trois gros repas. Je buvais pas mal de tisane, je marchais beaucoup et je me suis supplémentée un peu plus en B12, en Iode et en oméga 3.
Pour le postpartum, ça a été un peu plus compliqué. Pas au niveau alimentaire car dans notre culture, la famille apporte des repas à la maman pendant le premier mois voire au-delà . Et comme j’ai la chance d’avoir une maman qui cuisine comme une cheffe, des tantes toutes aussi attentionnées, une énorme cousinade et un compagnon qui avait écouté plein d’épisodes des podcasts « Les couilles sur la table » et « La matrescence », c’était royal. Non, là où j’ai trouvé le postpartum difficile c’est que je me suis sentie envahie et incapable de trouver du temps pour moi, j’avais comme perdu mon petit grain de folie, c’était une vraie tempête émotionnelle.
A la fois, j’étais comblée de serrer un petit être, mon bébé, contre moi et à la fois, je ne me reconnaissais pas. Heureusement, je me suis remise de cet épisode qui a duré entre ses 2 et 6 mois mais je trouve qu’on ne parle pas encore assez de toute cette perte de repères que l’on ressent en devenant parent, je l’avais complètement sous-estimé pour ma part…
L'alimentation ayurvédique est particulièrement adaptée au postpartum, as-tu des tips pour favoriser la récupération du corps de la maman ?
Oui complètement, l’alimentation ayurvédique a pour but de s’adapter à toutes les étapes de notre vie selon nos besoins et notre état du moment ! Dans son origine, la cuisine ayurvédique n’est pas forcément végétarienne. J’exclus pour ma part les produits animaux mais si j’ai des patients omnivores, évidemment, je ne vais pas les restreindre à manger que des produits végétaux, à moins qu’ils aient un trouble avéré qui requiert une telle alimentation. Le changement serait beaucoup trop brutal. Toute transition alimentaire se fait de manière plutôt lente et idéalement accompagnée.
Pendant le postpartum, le corps et le mental ont besoin avant tout de retrouver de l’énergie. On va choisir des aliments qui permettent de régénérer les tissus, de renforcer tout ce qui a été chamboulé pendant 9 mois et rétablir ce qui a pu être perturbé pendant l’accouchement.
Les aliments à privilégier sont donc des céréales complètes, des légumineuses, des oléagineux, des fruits et légumes, de la purée de sésame, des plats réconfortants et riches en fer avec des dahls, des currys, des mafés, des ramens, nouilles sautés... Un bon reconstituant selon l’Ayurveda est le lait d’or à base de lait d’amande, curcuma, cardamome, poivre et miel.
On évite les produits frits, le sucre blanc, roux ou les substituts et on privilégie du sucre complet (ex : rapadura), on privilégie l’huile de sésame ou colza, on prend plutôt des tisanes que des boissons stimulantes surtout si on allaite.
D’ailleurs pour les mamans qui allaitent, l’Ayurveda recommande de se nourrir de saveur douce et onctueuse pour enrichir le lait maternel et d’éviter tout ce qui est trop amer, acide, piquant ou astringent. On réduira donc les produits fermentés, les agrumes et légumes en feuilles.
Enfin mon conseil, que j’appliquerai à moi-même si j’ai un deuxième, c’est de prendre du temps pour soi même si ce n’est pas évident en s’offrant pourquoi pas une consultation et un massage ayurvédique dédié au postpartum afin de repartir avec des conseils en alimentation et hygiène de vie adaptés à soi.
Qu'est ce qui t'as aidé le plus en postpartum ?
De ton point de vue qu'est-ce qu'on pourrait mettre en place pour aider les femmes qui viennent d'accoucher ?
Clairement, cela m’a beaucoup aidé d’avoir de la famille autour pour me soutenir, me réconforter, me soulager de quelques tâches domestiques.
Le yoga m’a aussi beaucoup aidé que ce soit en postnatal ou prénatal, ça permet d’apprendre à bien respirer, à trouver des postures qui soulagent les douleurs et inconforts de grossesse et à se faire des copines mamans dans le quartier !
Au final, l’idéal serait de revenir à nos pratiques ancestrales où on disait qu’il faut tout un village pour élever un enfant. C’est très dommage qu’on ait perdu ce rapport à la naissance dans nos sociétés capitalistes. On a besoin de temps pour accueillir un enfant comme il se doit, pour retrouver sa place en tant que femme, en tant que couple. Tout va trop vite à la naissance d’un enfant dans nos sociétés occidentales. On est souvent voué à soi-même entre la fatigue extrême, le travail qui reprend beaucoup trop tôt et le manque de structure d’accompagnement à domicile ou près de chez soi.
Et si on parlait Matrescence? Qu'est-ce que la maternité a changé en toi ?
Et bien je ne disais pas de gros mots avant et je criais très rarement. Maintenant, ça m’arrive parfois haha.
Plus largement, je dirais que sur le plan perso, après un gros chamboulement, ça m’a permis de mieux connaître mes limites, d’apprendre à lâcher prise et à me dire que je fais du mieux que je peux car au final, en tant que maman, on est chaque jour confrontée à des petits aléas qui peuvent avoir des impacts émotionnels très forts comme lorsqu’on est à bout quand bébé pleure, qu’il balance sa nourriture par terre, que l’appartement est sens dessus dessous…
Sur le plan du couple, ça m’a permis à d’avantage exprimer mes désirs et mes besoins pour que cette aventure de la parentalité soit vécue à part égale.
Et ce qui m’étonne chaque jour, c’est aussi cette énergie incroyable qu’insuffle la présence d’un enfant. Le fait de voir le monde à travers ses yeux me rappelle à quel point il existe des tas de choses merveilleuses sur Terre et que c’est une chance inouïe de simplement être en vie et de pouvoir œuvrer pour des causes qui nous tiennent à cœur.
D’ailleurs selon Ayurveda, on dit que ce sont les enfants qui choisissent leurs parents et non les parents qui les créent. Les enfants nous apportent ainsi une leçon de vie et quelle qu’elle soit, c’est un apprentissage !
Si tu ne pouvais donner qu'un seul conseil aux jeunes mamans, lequel serait-il ?
« N’écoutez pas les rabat-joie ! Envoyez les paître. Ayez confiance en vous, vous gérez !»
As-tu un message à faire passer?
Par rapport à ce que je viens de dire, la maternité est un moment particulier où tout le monde va bizarrement avoir son conseil à nous donner et ça devient vite envahissant voire déprimant.
Rappelons simplement que chaque maman a sa manière de vivre sa maternité et elle seule sait ce qui est bon pour son bébé. C’est parfois difficile de faire abstraction de toutes ces intrusions mais en s’entourant de personnes bienveillantes et en se nourrissant de choses inspirantes et apaisantes, on peut trouver cette confiance en soi, elle est là juste enfouie sous une tempête d’hormones et de barrière de protection.
Quelle recette as-tu envie de partager ?
J’aimerais partager ce plat tout simple qui est un curry facile à réaliser, adaptable à toutes les saisons (avec les légumes qu'on aime) et dans lequel on a du curcuma, l’épice anti-inflammatoire par excellence qui va avoir entre autres un effet ciblé sur la flore intestinale, favoriser la régulation des hormones, purifier le sang et rétablir l’organisme.
Astuces :
· On peut remplacer le pois chiche par du tofu, des lentilles cuites ou encore des haricots et le poireau par des épinards, des carottes (avec un plus de cuisson).
· Il est idéal de cuire les pois chiches avec ¼ cac rase de bicarbonate de soude ou d’asafoetida.
Vous pouvez retrouver Archcena sur Instagram @boomin_ayurveda et sur son site internet www.boom-in.com
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